samedi 19 mars 2011

Surréalisme starmaniaque

L'arrière-scène, le Parc historique de la Canne à sucre.
Vendredi soir, la Francophonie célébrait la journée internationale de la Francophonie — normalement organisée le 20 mars, mais scrutin oblige, les célébrations haïtiennes ont été devancées de deux jours — au Parc historique de la Canne à sucre, à Port-au-Prince.


Billets promotionnels en poche — des représentants de la Francophonie logeaient au Montana en même temps que moi plus tôt cette semaine, que le monde est petit en Ayiti! — et collègue consultant curieux en accompagnement, on arrive beaucoup trop tôt pour la représentation. Ça nous donne du temps pour visiter les lieux de la distillerie originale du réputé rhum Barbancourt. On s'imagine la chaleur que les esclaves enduraient à proximité des cuves pour produire le célèbre nectar, sous les ordres sévères des colonisateurs français. Le poète Olivier Laplanche a par ailleurs très bien résumé la lourdeur que pouvait représenter ce travail forcé : «Sucre blanc empreint du sang rouge des esclaves noirs, saveur sucrée au goût amer pour les opprimés»...

On visite juste le temps d'éprouver un petit malaise quant au lieu que la Francophonie a choisi pour célébrer sa journée internationale de... Mais c'est parce que nous sommes un peu cyniques..!

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Le spectacle finit par commencer, en plein air, avec des fleurs qui tombent des arbres et qui font penser à la neige. C'est joli. C'est monté comme une comédie musicale. Des petits bouts de théâtre reliés avec les plus grands succès de la chanson française. — Aznavour, Cabrel et mon plaisir coupable: Dalida! Dans le contexte, les paroles sont parfois lourdes de sens et renvoient à une réalité toute autre que celle dans laquelle elles ont été pensées. Charles Aznavour ne me fait soudainement plus le même effet quand il crie «famine» depuis Montmartre, qu'il ne mange «qu'un jour sur deux» et qu'il a le «ventre creux» dans La Bohème...

Haïti en scène, tout sourires après le spectacle
Les comédiens/chanteurs/danseurs de la troupe Haïti en scène — ils sont connus à l'étranger, sont déjà venus nous visiter à Montréal et à Québec et sont localisés à Port-au-Prince et en France simultanément — offrent une prestation assez intéressante devant une assistance malheureusement peu nombreuse. On peut penser que l'incertitude reliée aux réactions face au retour d'Aristide et les embouteillages port-au-princiens y sont pour quelque chose..

Le collègue et moi, on tombe de notre chaise quand la chanteuse ayisienne Netty entonne La complainte de la serveuse automate! S'en suit un pot-pourri de Starmania adapté par moments à la sauce créole alors que les danseurs chorégraphient la chose avec un synchronisme impressionnant : Le monde est stone, Ce soir on danse à Naziland, Le Blues du businessman, La Chanson de Ziggy, tout y passe! C'est assez surréaliste, merci!

Ce fut donc une très belle soirée, le temps de s'évader un peu du boulot et surtout d'oublier les remous politiques qui ont retenu l'attention cette dernière semaine. Demain dimanche, on s'y remet forcément, de toute façon! Au menu, vote avec les parents ayisiens, visite à Jean-Bertrand en passant et petit tour à Radio-Métropole si on a le temps..

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