dimanche 27 mars 2011

Se pa fòt mwen..

En Ayiti, c'est jamais la faute de personne. Il existe toujours une «excellente» raison pour justifier sa non-implication dans les conséquences de ses actes. Les retards, les faux-pas, les promesses non tenues et les absences sont donc monnaie courante et l'imagination déployée pour les justifier les rend doublement pénibles... «Se pa fòt mwen», qu'ils disent...

J'ai déjà écrit auparavant que le «oui mais» est le paradis fiscal de l'examen de conscience. Je mesurais à peine l'étendue de mon propos... S'il est absolument faux de considérer Ayiti comme un paradis fiscal — les barrières à l'investissement étranger sont multiples (droits de douanes exorbitants, procédures administratives pesantes, instabilités politique et sociale, et compagnies d'assurances peu fiables, notamment) et les secteurs financier et bancaire souffrent de sous-développement chronique — au chapitre de l'examen de conscience, le «oui mais» est roi et maître!

Je vous entends demander des exemples. Une employée attendue à 7h du matin s'est pointée vers les 9h30 un jour important.. «Oui, mais j'habite près de l'aéroport. Oui mais, ma voiture est en panne depuis hier (elle a pas d'permis!). Oui mais l'ami qui venait me chercher est arrivé en retard. Oui mais le blokis...» Je la soupçonne de s'être inventé un chien pour avoir mangé son devoir civique! Et rigolant en créole pour que «blan» ne comprenne pas le reste...


«Ah, pis laisse faire..!»

***

Où je veux en venir? Là où je croyais naïvement trouver solidarité et entraide, je trouve chacun-pour-soi et individualisme marqué. Là où je croyais trouver regroupement social autour de points rassembleurs, je trouve 9 millions de communautarismes épars et silencieux, toujours prêts à revendiquer pour leur paroisse. Mosaïque morcelée, faïence de faux-fuyants éclatée sur le sol.. «Se toujou pa fòt mwen», ça s'est brisé tout seul...

Bien sûr, il y a la liberté d'exception. J'y reviendrai.

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