jeudi 10 mars 2011

À cheval nez à nez, on commence à regarder la BRIDES!

Photo: Haïti Libre
Un nouveau sondage publié ce matin (mercredi) par le Bureau de recherche en informatique et en développement économique et social (BRIDES) plaçait les poulains Martelly et Manigat pratiquement nez à nez, le premier devançant l'ancienne première dame d'un peu plus de 4%, à 50,8% contre 46,2%, sur un échantillon de 6000 personnes sondées à travers le pays du 3 au 6 mars. La table était donc mise pour un débat chevaleresque, enregistré cet après-midi à l'hôtel Karibe et retransmis sur les chaînes télé et radio du pays en soirée.

Si les candidats ont profité de l'occasion pour dénoncer les violences qui ont teintées la campagne, particulièrement dans les derniers jours — trois hommes qui collaient des affiches de Manigat ont été retrouvés morts mardi matin, et Martelly, visiblement touché par l'évènement, s'en est également pris aux comportements agressifs observés en cours de campagne, dénonçant les formes de «dénigrement» dont il se dit victime — l'ambiance n'a cependant pas été bon enfant tout au long de la joute oratoire. 

Martelly a notamment appelé l'électorat à « choisir entre un système vieux de 30 ans, et le changement qu’il représente», se définissant comme le candidat de «l'honnêteté», de la «vérité» et de la «force», associant par le fait même son adversaire au pouvoir en place. Le message de cette dernière était quant à lui davantage orienté vers le rassemblement et la nécessité pour les Ayisiens de travailler ensemble. «Il ne faut pas oublier que nous sommes tous Ayisiens, que nous sommes capables d'aller de l'avant», a-t-elle déclaré en guise de conclusion, rappelant que sa première préoccupation résidait dans la nécessité d'enregistrer un taux de participation plus important que celui du premier tour — un anémique 22,87%. «Les problèmes étaient là avant le tremblement de terre, mais se sont agravés. Nous devons utiliser nos compétences, faire preuve d'engagement.»

Voilà pour les grandes lignes en ce qui a trait au fond — les candidats se sont bien exprimés sur des questions plus précises, mais j'y reviendrai. Pour l'instant, mwen gen fatig..

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Pour ce qui est de la forme, il vaut la peine de noter quelques remarques. Disons-le d'emblée, Manigat est apparue, comme depuis le début de la campagne, beaucoup plus posée et en maîtrise de ses moyens que Martelly. Elle a su garder son calme alors que Martelly pianotait constamment sur son bureau et s'adressait directement à la foule malgré les avertissements de la modératrice qui l'enjoignait de répondre aux question des journalistes désignés pour relancer la joute. L'exercice a rapidement pris une tournure un peu désordonnée, les deux candidats se coupant mutuellement la parole et se laissant aller à des attaques personnelles..

Ironiquement, alors qu'il dénonçait pourtant l'agressivité de la campagne d'entrée de jeu, Martelly a adopté un ton plutôt agressif et pourfendeur tout au long du débat, tandis que Manigat rejetait ses attaques avec un brin de condescendance et un sourire évoquant le «tu-n'as-rien-compris-mon-p'tit»— ce qui ne devrait contribuer à l'édifice ni de l'un, ni de l'autre..

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Le clou de la soirée — et par le fait même le début de la débandade — est survenu à peine 30 minutes après le début des échanges alors qu'un journaliste, reprenant une histoire du Miami Herald publiée dimanche, questionnait Martelly sur ses déboires financiers reliés à la mauvaise gestion trois propriétés (rien de moins) aux États-Unis. «Je ne suis pas responsable de mes investissements, si vous voulez, je vous mets en contact avec Natacha Magloire, my real estate agent.»

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Est-il né celui qui va un jour être en mesure de gouverner ce pays ET de rejoindre le peuple?

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