Le Palais national, symbole de tous les excès, écroulé sur lui-même |
Ça a été un dure semaine pour l'édifice de la démocratie ayisienne — pour autant qu'elle existe — auquel on a encore retiré une pierre. La machine politique est ici une machine mangeuse d'hommes, qui pour assurer sa survie et la prolongation de son pouvoir, de ses privilèges et l'engraissement de son portefeuille, n'hésite pas à faire rouler les têtes brûlées, celles qui croient encore au devoir de représentativité envers le peuple et à son bien-être. «Gran nèg se leta.» Un peu comme si on donnait à Pier Karl Péladeau le loisir de diriger le Québec au moyen de nos institutions politiques — ce qu'il fait déjà amplement par des moyens détournés, s'entend.
Cette classe politique cannibale et auto-regénératrice n'a pas aimé l'insubordination de l'un de ses éléments les plus courageux. De ceux qui n'hésitent pas à dire tout haut ce que tous pensent tout bas. De ceux qui s'évertuaient depuis des années à remonter le courant pour mettre sous le nez des décideurs l'absurde non-sens de leurs actions calculées avec les mauvaises variables — dépendemment du point de vue.
Car comme l'un de mes collègue le dit si bien, il ne faut pas analyser la situation en considérant le désordre apparent de la société ayisienne. Tout est au contraire très bien organisé et ordonné. Seulement, tout est organisé en fonction des privilégiés, des plus nantis, de ceux qui ne parlent pas trop fort et qui font ce qu'on attend d'eux — rien qui n'irait à l'encontre de l'ordre établi. Et ils ont, chacun à leur manière depuis 1804, réussi un tour de force en faisant croire qu'ils travaillaient dans l'intérêt du peuple. Les graffitis proclamant «bon retou» aux deux «ex» fraîchement revenus au pays en faisant foi...
Comme si la dictature, le code noir et le spectre des tontons macoutes hantaient toujours les esprits. «Konstitisyon se papye, bayonèt se fè.» Et cette baïonnette métaphorique empêche la confiance envers l'autre, le rassemblement du peuple autour d'intérêts communs, voire toute mobilisation citoyenne. Ces citoyens ont perdu l'illusion d'un système étatique qui les représenterait sans se dissimuler derrière un masque qui cache vanité et égoïsme. Chacun pour soi, ils continuent de croire en Dieu dur comme père, mais devant la chose politique, ils ont abandonné le combat. C'est donc dans l'ordre qu'il faudrait foutre le bordel pour que les choses avancent un peu!
Car pour l'instant, «lajan fè chen danse», comme dit le proverbe. Et les mieux intentionnés finissent par se faire piquer à force de donner des coups de pied dans le nid des guêpes mégalomanes...
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