Peter Norman, Tommie Smith et John Carlos |
C'est un symbole bien connu de la lutte contre la ségrégation raciale et pour la revendication des droits civiques des Afro-Américains dans les années soixante. Les poings levés et gantés des athlètes Tommie Smith et John Carlos, respectivement médaillés d'or et de bronze au 200 m aux controversés Jeux olympiques de Mexico en 1968, ont fait connaître au monde entier le symbole des Black Panther et la lutte anti-ségrégationniste qui y était associée.
Plus que jamais, le contexte se prêtait à l'affirmation du symbole sur la scène internationale. Les temps étaient chauds. Le pasteur Martin Luther King avait été assassiné en avril de la même année. Les deux athlètes, par la suite bannis à vie des JO par un Comité international olympique jugeant leur geste scandaleux et suspendus par l'équipe américaine pour leur soutien au mouvement des Black Panthers, n'allaient pas laisser filer si belle occasion de faire connaître au monde la violence et la marginalisation — voire l'absence de droit — dont ils étaient victimes aux États-[dé]Unis. Leur collègue australien Peter Norman, qui partageait le podium avec Smith et Carlos après avoir rafflé la médaille d'argent et qui allait devenir leur grand ami (Smith et Carlos ont porté le cercueil de ce dernier lors de ses funérailles en 2008), portait par ailleurs le macaron «Olympic project for human rights» en guise de solidarité.
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Le poing fait depuis partie de l'imaginaire noir. Et pas seulement lorsqu'il est levé. Barack Obama s'était attiré la sympathie de plusieurs électeurs et spectacteurs de par le monde le jour de l'annonce officielle de sa cadidature à la présidence des États-Unis, y allant du complice, décontracté et désormais célèbre «fist bump» avec sa femme Michelle.
Michelle a tapoté les fesses de Barack, mais c'est le «fist bump» que l'Histoire a retenu. |
«It was the fist bump heard round' the world», commentait alors le Washington Post. «It thrilled a lot of black folks. [...] It's liberating to be able to run for president as a black man... Barack is like Black Folks 2.0.», analysait quant à lui le blog ta-nehisi.com, spécifiant que le «fist bump» était avant tout l'apanage des sportifs et des stars [ou wannabe stars] du hip hop.
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En Ayiti, le «fist bump» (le «korem») était aussi assez populaire chez les jeunes il n'y a pas si longtemps. Mais il s'est démocratisé depuis quelques mois, jusqu'à devenir la poignée de main officieusement officielle. Depuis la crise du choléra, il a effectivement remplacé la poignée de main, par souci sanitaire, étant moins propice à la propagation des germes entre humains que l'habituelle poignée de main! Des spots publicitaires de prévention ont été diffusé massivement et on voit désormais le «korem» un peu partout, dans les milieux plus officiels comme dans la rue et les réunions moins formelles.
Bébé Doc (Photo Frank Thorp V., Flickr) |
Sur une note moins joyeuse, il existe même une image du dictateur Jean-Claude Duvalier lançant un «korem» à l'intention de la foule venue le saluer. Comme quoi les symboles qui marquent l'esprit courent toujours le risque d'être récupérés à toutes les sauces par des opportunistes déchus en mal de pouvoir et d'appui populaire...
Très intéressante comme "post". Pour certains le poing signifie persévérance. Pour d'autres il intimide et fait peur, car pour eux il semble signifier le ressentiment.
RépondreSupprimerMerci du commentaire, c'est toujours apprécié!
RépondreSupprimerL'idée est partie du «korem-choléra», si on peut dire ça. Je trouvais intéressant qu'il y ait une raison profonde et logique pour expliquer ce comportement assez répandu ici et qui renvoie à d'autres références dans notre lecture occidentale. En extrapolant, il y avait finalement beaucoup à dire sur ce simple geste, et sur l'imagerie du poing en général...