jeudi 22 septembre 2011

La chouchoun[e] parlera pour les Ayisiennes


 En y pensant rapidement, je connais au moins deux personnes à qui on attribue le surnom affectueux de «chouchoune». En kreyol, c'est un peu comme si elles se faisaient appeler «vagin» par celui qui les a à proprement parlé mises au monde... Où je veux en venir, c'est que Les Monologues du vagin, pièce de théâtre phare du post-modernisme féministe de l'Américaine Eve Ensler, sera à l'affiche à Port-au-Prince au mois d'octobre prochain.


Ce n'est pas la première fois qu'est présentée Pawòl Chouchoun, version haïtianisée des Monologues, à Port-au-Prince. L'Atelier Théâtre Éclosion et son audacieuse fondatrice et metteure en scène Florence Jean Louis Dupuy, ont déjà goûté le fruit défendu dans la capitale ayisienne, sa banlieue (Miami) et sa soeur nordique (Montréal). Et avec un retentissant succès, s'il-vous-plaît.

Adaptée à 70% en français et à 30% en kreyol ayisien, la pièce traduite dans 45 langues et jouée dans 135 pays — merci aux recherchistes de Radio-Canada — aborde un sujet tabou en Ayiti. Un sujet tabou en Ayiti, mais aussi dans le reste du monde, malgré toutes ces années écoulées depuis la révolution sexuelle. 

«Je dis "vagin" parce que j'ai lu les statistiques. Partout les vagins subissent de mauvais traitements. Des centaines de milliers de femmes sont violées chaque année dans le monde. Cent millions de femmes ont subi des mutilations génitales. La liste est longue. Je dis "vagin" parce que je veux que cessent ces horreurs. Et je sais qu'elles ne cesseront pas tant que nous n'admettrons pas qu'elles existent. Et le seul moyen de le savoir, c'est de permettre aux femmes de parler sans peur d'être punies ou sanctionnées», dit Eve Esner.

Le texte, basé sur plus de 200 entretiens avec des femmes de tout horizons, laisse effectivement la place aux sensations, aux aspirations, aux angoisses et aux joies des femmes, sujet dont on ne parle peu ou pas dans ce pays coincé entre tradition et modernité et dominé par un discours masculiniste. Chapeau, donc, à ces femmes qui osent. On vous tient au courant, en espérant que ces Pawòl Chouchoun ne se retrouvent pas de le mot de Cambronne...

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