dimanche 2 octobre 2011

Chauffer la couette

Des vieux qui se dérident, des jeunes qui prennent conscience de ce qu'a pu endurer celui qui les a mis au monde, des propriétaires de pénis qui les aiment tant : les vagins étaient à l'honneur hier au Villatte de Pétionville, transformé en chaude et humide scène de théâtre à l'occasion des courus et créolisés Monologues du vagin. Et aller au théâtre en Ayiti, ça implique avoir droit à deux spectacles pour le prix d'un...

Cinq actrices, 17 tableaux basés sur les témoignages de 200 femmes et joués dans un décor épuré flanqué de trois tabourets de bar, et un seul sujet par où tout a commencé. Premier spectacle, fort réussi malgré quelques petites difficultés techniques et un confort compromis par la proximité des voisins. 

Deuxième spectacle que ces 400 Ayisiens qui s'en donnent à coeur joie dans l'assistance, rigolant bruyamment, tapant des mains et lançant même des blagues coquines et de circonstance à l'intention de leurs homologues et des protagonistes de la pièce. Jamais vu un public aussi participatif et aussi plongé dans l'action que celui-là, déchaîné et, il faut le dire, apportant valeur ajoutée et couleur locale au spectacle — malgré quelques petites incartades vulgaires de coqs en manque d'attention et d'autorité voulant marquer le territoire de la basse-cour.

Car l'heure était au «plaidoyer pour le respect de la femme, de son sexe et de la sexualité», comme disait joliment le carton d'invitation. Et messieurs, ce n'était pas la peine d'essayer de «voler l'show» avec vos répliques cinglantes qui ne nous laissaient qu'envisager votre intimidation, votre malaise et votre manque de doigté devant le beau sexe.

Du reste, pas une seule fois nos cinq déesses n'ont décroché pendant ce marathon de deux heures — surtout pour Cynthia Jean Louis, de quasi toutes les scènes et excellente au bord des larmes, de l'extase, de l'hystérie comme de l'hilarité. Fabienne Colimon, au crépuscule de la vie, Huguette Saint-Fleur en belle de jour et Ange Bellie Andou en belle de nuit complétaient la distribution de la dramaturge et scénariste Florence Jean Louis Dupuy, la tante de l'autre, qui a également fait une brève apparition au début de la pièce... et qui nous a promis avant de tirer le rideau que la prochaine fois, on saurait «tout, tout, tout, on saurait tout sur les zizis».

Tant qu'on peut encore profiter de notre petit quinze minutes de gloire... Et en espérant que ces hommes n'ont pas compté le temps comme on ne compte pas les mots créoles pour poursuivre l'hommage à la chat, au bobot, au krek, à la chouchoun, à la koukoun, à la bouboun, à la foufoun, anba la...

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