Photo: http://haitibaseballs.com/ (courtoisie de Zack Hample) |
Les statistiques économiques sont peu reluisantes. Un taux de chômage que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), reproduisant les données de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique (IHSI) chiffre à 32,62% — même si des perspectives plus réalistes l'estiment plutôt entre 60 et 70%; une proportion de la population vivant en situation de pauvreté de 78%, qui descend à peine à 53,9% si l'on y acolle le qualificatif «extrême»; une activité économique basée sur les secteurs de l'agriculture (28,4 %), de l'industrie (16,6 %) et des services (55 %) — qu'il faut relativiser avec une proportion de 57,1% des emplois qualifiés d'informels selon l'Enquête sur l'emploi et l'économie informelle de l'IHSI; quelques mangues, du café, du cacao, du coton et autres produits agricoles en guise d'exportations, pendant que les importations constituent à peu près tous les biens de la vie courante — il faut voir les Ayisiens rentrer au pays en avion avec des biens manufacturés à haute innovation technologique pour comprendre. Et une réputation de république de bananes pour ajouter le cerise (importée) sur le sundae (importé aussi).
L'instabilité politique, la corruption, le manque d'infrastructures, la criminalité et la gouvernance ineffective sont autant d'arguments pour dissuader les investissements directs étrangers de venir flirter avec le soleil.
Les choses n'ont cependant pas toujours été ainsi. Et pour illustrer la chose de façon un peu ludique, j'ai pensé renvoyer la balle sur un terrain de baseball — allez savoir pourquoi. Peut-être parce que la République d'Haïti a déjà été le premier producteur mondial des balles cousues main utilisées pour le sport national américain, et ce, jusqu'à ce que la multinationale Rawling's délocalise sa production au Costa Rica dans la turbulence qui a suivi le règne de Duvalier le bébé (Baby Doc, qui se pavane dans les grands restaurants de Pétionville en attendant la conduite de son procès en cours pour corruption, vol et détournement de fonds).
Un Américain peu ordinaire, conscient de l'importance pour le pays de relancer le secteur manufacturier et probablement un peu frappé par la nostalgie de ses souvenirs d'enfance passé au champ gauche, s'est donné comme mission de fin de carrière de faire des choses «utiles» («of value»). Il a ainsi comme projet de relancer l'industrie manufacturière de la balle de baseball en alliant deux de ses passions: le sport national et le commerce équitable. Le projet initié après le tremblement de terre compte sur les nouvelles technologies et les médias sociaux, l'appui du public (dans l'optique du «compassionate capitalism») et les possibilités offertes par la micro-finance — même si l'investissement personnel semble aussi être au rendez-vous — pour accomplir la lourde tâche.
Le projet semble être au beau fixe depuis novembre dernier, mais c'est peut-être parce qu'il vous attend. Vous trouverez toute l'information là.
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